C'est avec un cœur meurtri que j'apprends la disparition de Paul Taryam Ilboudo, maire de la commune de Loumbila. Je l'ai connu et apprécié à l'occasion de mon séjour dans la province de l'Oubritenga en qualité de Haut commissaire de 2000 à 2004 et depuis nous sommes restés proches.
Il m'a particulièrement marqué par son engagement pour la cause de l'enseignement bilingue, convaincu que l'enfant acquiert plus facilement le savoir à travers le véhicule de la langue maternelle et s'est alors lancé dans la promotion de nos langues nationales à l'école par la production de manuels didactiques et d'infrastructures pour l'éducation combinant français et langue locale avec une démarche pédagogique originale et adaptée. Ce combat était exaltant avec des résultats impressionnants dont l'implantation de dizaines d'écoles bilingues dans cette province et dans de nombreuses autres. Je garde en souvenir le passage à l'échelle supérieure du système à travers l'érection à Loumbila d'un collège d'enseignement secondaire spécifique. Par amitié pour ma modeste personne, il a contribué à doter Barga, mon village au Yatenga d'une école bilingue. Je rends hommage à cet homme qui a vraiment incarné son prénom de par sa sagesse, sa modestie et son amour pour ses semblables. La fonction de maire aura sans doute été la voie ultime de vouer ses derniers instants à la cause de Loumbila qu'il a tant aimé et servi.
Depuis Dakar, j'ai une pensée affective pour sa famille, son épouse, et ses nombreux collaborateurs dont Zakarie, Jeanne, Valentin et bien d'autres qui lui étaient si dévoués.
Paix à son âme.